Choses vues

Fièvre électorale : Quand l’administration publique gabonaise passe en mode sommeil !

Fièvre électorale : Quand l’administration publique gabonaise passe en mode sommeil !
Fièvre électorale : Quand l’administration publique gabonaise passe en mode sommeil ! © 2025 D.R./Info241

Depuis le début de la campagne électorale ce mercredi, Libreville a des allures de capitale abandonnée. Les couloirs des ministères se vident, les guichets ferment et les services tournent au ralenti. Comme un rituel bien connu, l’administration publique se met en sommeil dès que les échéances électorales approchent, laissant les citoyens face à des portes closes.

Moov Africa

À l’approche des scrutins législatifs des 27 septembre et 11 octobre, ainsi que des élections locales prévues le 27 septembre, le phénomène prend une ampleur inédite. Pour la première fois sous la Ve République, certains fonctionnaires sont eux-mêmes candidats, quittant la capitale pour rejoindre leurs fiefs électoraux. D’autres, sans ambitions personnelles, préfèrent se fondre dans les équipes de campagne de leur hiérarchie ou des partis en lice, transformant leur devoir de service en engagement militant.

État déserté, citoyens abandonnés

Dans plusieurs provinces, la scène se répète : des directeurs départementaux introuvables, des chefs de service envolés et des secrétariats réduits au strict minimum. L’appareil administratif, censé fonctionner en toutes circonstances, est aspiré par la fièvre électorale. La neutralité de l’État ? Une fiction que chacun balaie d’un revers de main, convaincu que l’avenir professionnel se joue plus dans la fidélité au « boss » que dans l’assiduité au bureau.

Les défenseurs de ces absences affirment que « l’État ne s’arrête jamais vraiment  ». Un argument fragile pour les citoyens contraints de reporter des démarches urgentes ou de renoncer à des services de base. C’est précisément en période électorale que la population a le plus besoin d’une administration efficace, impartiale et accessible. Mais c’est aussi ce moment que choisit l’appareil d’État pour se mettre en veilleuse.

La campagne, une affaire communautaire

Dans les villages, le phénomène prend une tournure communautaire. Voter « chez soi » est considéré comme un acte de loyauté, presque une obligation morale. Résultat : des départs massifs de fonctionnaires vers leurs régions d’origine, laissant les administrations centrales de Libreville en état d’hibernation partielle. L’État se vide de ses agents, comme si servir la République pouvait attendre la fin de la campagne.

Difficile dans ce contexte d’imaginer une administration moderne et indépendante. La politisation de la fonction publique reste un mal enraciné, nourri par des décennies de confusion entre carrière administrative et ambitions partisanes. Chaque élection ravive ce paradoxe : un État qui prétend défendre l’intérêt général, mais qui disparaît dès qu’il s’agit de compter les voix.

La Ve République à l’épreuve

La Ve République, qui vit sa première grande échéance électorale, espérait marquer une rupture. Mais la campagne des législatives et locales révèle déjà ses travers : une administration fantôme, des citoyens livrés à eux-mêmes et un appareil d’État incapable de se défaire de ses vieux réflexes. À l’heure où la confiance des électeurs est cruciale, le silence des couloirs ministériels résonne comme un aveu d’impuissance.

@info241.com
Moov Africa

Newsletter de Info241.com

Inscrivez-vous maintenant pour recevoir notre newsletter quotidienne


Info241.com s'engage à ne pas vous envoyer de messages non sollicités. Si vous changez d'avis, vous pourrez vous désabonner de cette newsletter à tout moment.

Commenter l'article