Sylvia et Noureddin Bongo contre-attaquent et accusent leurs tombeurs de tous les maux !

Plus de vingt mois après leur arrestation à la suite du coup de « libération » du 30 août 2023 et deux mois après leur évasion judiciaire du Gabon, Sylvia Bongo Ondimba et son fils Noureddin Bongo Valentin brisent enfin le silence. Dans une déclaration conjointe publiée ce 3 juillet, les deux ex-dignitaires gabonais affirment avoir été victimes d’enlèvement, de torture et de détention arbitraire, sous les ordres directs, selon eux, du président Brice Clotaire Oligui Nguema. Un récit lourd, accusateur, qui cherche à redonner une voix à ceux qui, hier, faisaient taire toute opposition.

� À la veille du coup d’État (...) notre famille entière, jusqu’au plus jeune enfant âgé d’un an, a été kidnappée et prise en otage », écrivent-ils d’emblée après avoir regagné leurs villas luxueuses en Europe. Sylvia et Noureddin décrivent leur incarcération comme une séquestration méthodique : des mois d’isolement total, d’humiliations, de violences physiques, de privation de soins. La cellule de Sylvia aurait été « entièrement vide », tandis que Noureddin aurait été détenu dans « le sous-sol du Palais présidentiel, six étages en-dessous des appartements du président Oligui Nguema ».
Des bourreaux du peuple devenus des victimes
Selon eux, les sévices subis visaient à leur extorquer des aveux. Fouettés, électrocutés, battus, noyés à répétition, les deux anciens proches du pouvoir disent avoir été forcés de signer des documents légalisant la confiscation de leurs biens familiaux. « Le pouvoir en place prévoit de nous condamner par contumace lors d’un faux procès (...) pour légaliser la saisie de nos biens », dénoncent-ils, accusant la justice gabonaise d’être aux ordres du pouvoir d’Oligui Nguema.
Thème | Ce qu’ils affirment | Citation ou résumé direct |
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Arrestation | Arrestation sans mandat, qualifiée de kidnapping | « Nous avons été kidnappés en même temps qu’Ali Bongo (…) sans mandat, sans explication, sans droit à la défense. » |
Conditions de détention | Isolement, absence de soins, violations de leurs droits fondamentaux | « Détenu au secret pendant 60 jours », « privée de soins pendant des semaines » |
Torture | Violences physiques, menaces de mort, aveux forcés | « J’ai eu les côtes fracturées (…) on m’a demandé de signer des documents sous la contrainte. » |
Perquisitions | Biens saisis ou détruits illégalement | « On a vidé nos maisons sans inventaire, sans scellés, sans procès-verbal. » |
Comptes gelés | Blocage arbitraire des comptes, y compris ceux d’enfants mineurs | « Nos comptes (…) ont été bloqués (…) sans justification. » |
Responsabilités politiques | Mise en cause directe de Brice Clotaire Oligui Nguema | « C’est lui qui a donné les ordres (…) qui a fait arrêter, frapper, menacer. » |
Justice nationale | Procédure biaisée, juges non indépendants | « Le procès est déjà écrit d’avance. » |
Justice internationale | Annonce de plaintes en France, appel à l’ONU et autres juridictions | « La France ne peut pas ignorer que deux de ses ressortissants ont été torturés. » |
Silence initial | Isolement empêchant toute communication | « Nous pouvons enfin dire ce que nous avons vécu. » |
Appel à la communauté internationale | Demande d’enquête d’ONG et d’organismes internationaux | « Le silence complice tue. » |
Accusations de corruption | Rejet catégorique des faits reprochés | « Nous n’avons pas volé le Gabon. » |
Objectif de leur prise de parole | Rétablir leur version des faits, dénoncer les abus | « Trop de mensonges ont été racontés. » |
Mais ce témoignage dramatique, qui décrit un système carcéral occulte et brutal, ne s’arrête pas aux frontières gabonaises. Sylvia et Noureddin annoncent qu’ils saisiront la justice française car étant tout deux fégalement de nationalité française, évoquant l’existence de « nombreuses preuves audios et vidéos irréfutables » qu’ils comptent remettre à Paris. Détenteurs de la nationalité française, ils appellent également l’Union africaine et les Nations unies à se pencher sur leur cas.
Une communication bien rodée
Derrière cette prise de parole, c’est une stratégie claire qui se dessine : retourner l’image d’oppressés qui leur colle à la peau depuis leur chute politique. « Nous ne nous tairons pas face à la terreur et à l’injustice », martèlent-ils. Une phrase martiale pour tenter de renverser le récit dominant — celui d’une famille accusée d’avoir accaparé les ressources du pays pendant plus d’un demi-siècle. Leur message : ils n’ont rien volé, n’ont rien caché, et ont été punis pour des raisons politiques.
Dans un pays où la parole est longtemps restée confisquée, cette déclaration pose autant de questions qu’elle n’apporte de réponses. En attendant les preuves promises, la justice gabonaise poursuit ses enquêtes, et les autorités gabonaise, elles, gardent le silence. Mais le récit livré par les Bongo Valentin, aussi controversé soit-il, marque une nouvelle phase dans la bataille judiciaire et médiatique qui s’annonce à l’international.
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